Rendre variable le prix de l’eau en fonction des consommations est une opération sensée destinée à responsabiliser les consommateurs. On le sait aujourd’hui, toutes les mesures d’individualisation dans les copropriétés ont produit des économies (chauffage, eau, …). La résolution votée cette année par le Conseil Municipal de Bourg-Saint-Maurice est donc, à première vue, plutôt avant-gardiste dans le bon sens du terme.
Seulement voilà, le diable se cache dans les détails. Dépourvue de tissu industriel car dédiée depuis les années 60 au tourisme d’hiver, Bourg-Saint-Maurice ne comporte que peu de « gros » consommateurs professionnels. En revanche les stations des Arcs, elles, sont le lieu de résidence de plusieurs anciens immeubles de studios, construits dans les années 80, qui n’ont qu’un seul compteur pour la copropriété. Et là, jackpot ! Un immeuble de 200 studios consommant 30 à 40 m3 par an donne tout de suite un « gros » consommateur de 800m3 qui sera facturé 40% de plus que le même immeuble de 200 studios plus récent et équipés de compteurs individuels.
Là commence le voyage en absurdie. Que vont faire les copropriétaires ? Et plus important encore que vont faire les Syndics de ces immeubles censés protéger les intérêts de leurs clients ? Quelle approche adopter ? Qu’on fait les Syndics des résidences concernées ailleurs en France ? Beaucoup de questions mais peu de réponses.
En premier lieu la situation est unique. Les Maires des villes dans des situations similaires ont soit renoncé à surtaxer les copropriétés équipées d’un seul compteur soit encouragé les équipements de compteurs individuels.
A Bourg-Saint-Maurice rien de tel. Véolia Eau qui facture les consommations d’eau et Véolia ECH qui équipe et relève les compteurs sont 2 filiales apparemment sans communication. Les Syndics ont donc demandé l’équipement des studios de compteurs individuels (déjà en place dans certaines résidences et relevés à distance par Véolia mais pas « homologués »). Et là nouvelle étape dans l’absurdie, refus de Véolia au motif que ces résidences de plusieurs centaines de studios ne pourraient pas avoir de compteurs installés à l’extérieur des studios.
En conclusion :
La démarche de Bourg-Saint-Maurice est saine, malgré les petits calculs mesquins de court terme, et sera certainement généralisée en France puisque notre Président a exprimé ce souhait en début d’année. Il sera toutefois nécessaire de résoudre d’abord les blocages générés par une mise en œuvre stupide : à Bourg-Saint-Maurice les studios payeront l’eau 50% de plus que les chalets. Une piste de réflexion pour les Syndics, la facturation de l’abonnement des copropriétés est fonction du nombre d’unité d’habitation. Le gestionnaire local peut donc très bien déterminer le tarif applicable à la copropriété en divisant la consommation par ce nombre.